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Quelques photos et une histoire

La Ripopée en image
 

Un instrument de musique, c'est fait pour faire danser le monde et le rendre plus beau!
 

Il était une fois une jeune femme qui vivait dans le val d'Aoste. Elle se nommait Georgina.

Georgina était aussi musicienne. Elle jouait de la cornemuse. Sa vieille cornemuse avait appartenu à sa grand-mère. Ah, sa grand-mère. Chaque fois qu’elle jouait de la cornemuse elle pensait à elle et quelques larmes coulaient le long de ses joues. C’est elle qui l’avait élevée, avec ses trois soeurs. Sa grand-mère jouait de plusieurs instruments: de la vielle à roue, du violon, de l'accordéon et de la cornemuse. C'est elle qui animait les bals et les veillées dans toute la vallée; elle qui jouait pour les mariages, les enterrements, les jours de joie et les jours de peine.

Un jour, la grand-mère réunit ses quatre petits-enfants. Elle leur dit : « Je vais partir, chercher quelques nouvelles mélodies pour mon répertoire.» Elle embrasse chacune de ses petites-filles, et leur offre à chacune un instrument. A l'ainée la vielle à roue, à la seconde son violon, à la troisième son accordéon et à la dernière, sa cornemuse.

Puis elle part sur les chemins du monde, sans se retourner.

Les quatre soeurs assistent sans dire un mot au départ de l’ancêtre. Soudain, la plus âgée dit :

« Notre grand-mère s’en va, nous abandonne. Et tout ce qu'elle me laisse c'est ce vieil instrument? Voilà ce que j’en fais ! » Et elle la lance dans le feu.

La seconde soeur prend le violon, monte au grenier. Elle trouve une lourde malle en métal, la vide et y dépose délicatement l'instrument. Après l'avoir recouvert d'une couverture, elle referme la malle. «Personne ne le trouvera ici, il ne sera pas abîmé! ».

La troisième monte dans sa chambre. Elle dépose l'accordéon sur un petit tabouret en bois et se promet, tous les jours, de déposer une fleur devant son instrument, en pensant à sa grand-mère et en lui souhaitant un beau voyage. 

Enfin la plus jeune met la cornemuse au porte-manteau, ne sachant pas trop ce qu’elle va en faire.

Et les jours suivent les jours, les mois suivent les mois, les années suivent les années.

Pendant ce temps la grand-mère avait eu le temps de remplir sa tête de nouvelles mélodies. Elle s’en revient chez elle. En retrouvant ses petits-enfants, elle les prend dans les bras, demanda des nouvelles du village puis gravement demanda ce qu’elles ont fait des instruments qu'elle leur a laissés.

L’aînée,  toujours en colère, lui dit qu’elle l'a jeté au feu. La seconde monte au grenier, ouvre la malle et redescend avec l'instrument dans l'état dans lequel elle l'avait déposé. 

La troisième montre à sa grand-mère le petit autel confectionné dans la chambre avec l'accordéon.

Enfin Georgina regarde sa grand-mère et lui dit :

« Lorsque tu es partie, je ne savais pas quoi faire de ton instrument, alors je l’ai laissé dans l'entrée de la maison, accrochée au porte manteau. Puis je me suis mis à l'utiliser de temps à autre, et je me jouais quelques mélodies, pour me souvenir de toi lorsque les jours étaient trop longs sans ta présence. Et puis je me suis souvenue que toi, tu jouais pour les autres, pour faire danser les villageoises et les villageois. Je me suis rendue, les jours de marché, sur la grand’place et j’ai joué, en pensant à toi, pour faire danser les gens. Et depuis quelques années, je joue de la musique, lors des fêtes, des rassemblements. »

La vieille femme qui avait écouté gravement ses petites-filles, leur dit :

« Un instrument de musique, c’est comme un trésor, ce n’est pas fait pour être jeté au feu, ce n’est pas fait pour être être caché, ce n’est pas fait pour être gardé pour soi, mais c’est fait pour être utilisé et partagé avec les autres, pour faire danser le monde et le rendre plus beau.»

Et depuis ce temps, dans cette vallée, si on tend l'oreille, on entend de jolies mélodies qui accompagnent la danse, surtout le printemps, surtout l’été, surtout l’automne et surtout l’hiver.

 

Guillaume Bondi - Inspiré d'un conte traditionnel indien.